Assez bien, c’est déjà assez !

Pour vous parler du « Good Enough Management », je passerai par un petit souvenir. J’ai eu un chef qui me faisait recommencer certains courriers plusieurs fois. « On ne dit pas: ‘J’attire votre attention, mais j’appelle votre attention' », me répétait-il. Son perfectionnisme était formateur. Mais pas forcément pour le meilleur: 1/ Je me démotivais car j’avais l’impression de passer mon temps à corriger des courriers. 2/ Mes interlocuteurs n’avaient pas de réponse immédiate puisque nos réponses traînaient. 3/ À force de faire valider mes courriers pour des vétilles, je  me déresponsabilisais et commettais d’autres erreurs, plus graves.

J’aime bien cette idée d’un management Sam Suffit, exigeant mais pas trop.

Cette manière bureaucratique de ne rien faire au nom de ce que j’appelle le formalisme à la française, je la retrouve en réunion. Quand un collègue appelle l’attention de sa hiérarchie sur une idée qu’on aurait vite pu mettre en oeuvre, un type payé plus cher (à faire beaucoup moins) a toujours une objection.

Cette façon de zigouiller les initiatives et la créativité à coups de prérequis fait des ravages partout. Appelez ça de la prudence, de la peur, de la précaution, dans tous les cas, ça siphonne votre entrain. J’ai entendu l’expression « Good Enough » pour la première fois à une conférence RH de Nathalie Andrieu, une des directrices de La Poste chargée du numérique. Le « Good Enough Manager », ou GEM, a également été théorisé par Aaron J. Nurick dans un pavé paru en 2011. J’aime bien cette idée d’un management Sam Suffit, exigeant mais pas trop. D’autres disent que ça rend la gestion plus agile et plus humaine. Avec le « Good Enough Management », on laisse une idée fragile lever le nez, s’avancer timidement et on ne l’allume pas a priori. S’il y a des loupés, on corrige. S’il n’y a pas de résultats, on  arrête.

Les boîtes passent leur temps à se fixer des objectifs pharaoniques pour les réviser l’année suivante. Résultat, elles épuisent leurs équipes et les démobilisent. Je connais bien une avocate qui a quitté un cabinet où les  collaborateurs passaient plus de temps à remplir des feuilles de temps imbitables pour le contrôle de gestion qu’à satisfaire les exigences des clients. Cette méthode a donc plusieurs avantages: 1/ On intègre mieux les jeunes, plus animés par l’action que par le principe de précaution. 2/ On ne risque pas de passer à côté d’une bonne idée. 3/ On passe plus vite de la conception à l’exécution. « Fais ton possible », « Utilise le système D », « Un client de perdu, dix de retrouvés »… Optimiste et humaniste, le « Good Enough Management » murmure une petite musique qu’on n’avait pas entendue depuis longtemps au travail, crise oblige. Il y a dedans de l’empathie, de la curiosité, une envie d’avancer et une façon de dire qu’on n’est pas des numéros ni des machines. Ne reste plus qu’à lui trouver une traduction française. Mais que ça ne vous empêche pas d’agir en attendant !

 

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Source: www.gqmagazine.fr

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